"Comment construire une univers qui ne s'effondre pas en trois jours ? "

Les artistes décrits dans les ouvrages de science-fiction

Outrepart, les prémisses de la science-fiction

Epistémologie et réalités, quelques idées...

Esthétique et science-fiction

 

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Anticipation, spéculation, le cinéma de science fiction

Voici la page de votre cours de vidéo, nous visionnerons
une série de film de science-fictions pour lesquels
nous étudierons les thèmes et les réalisations.
A partir des thématiques obtenues,
nous réaliserons des travaux vidéos.

Méthode de travail

Au cours du visionnage distinguez les scènes essentielles,
en terme de dramaturgie, d'effet spéciaux,
Faites un croquis rapide de ce que vous avez vu.
Comparez ce que vous avez vu avec
d'autres circonstances romanesques ou filmographiques.
Mettez vos idées en rapport.
Rédigez des circonstances...

bibliographie

Evacuation immédiate des musées fantômes,Serge Brussolo,
Présence du futur ,Denoêl

Un musée Gigantesque devient un piège pour ses
qui parcourent des collections aberrantes.

Plus lourd que le vent, Serge Brussolo,
Présence du futur ,Denoêl
Plusieurs portraits d'artistes et de leurs marchands.

Vue en coupe d'une ville malade, Serge Brussolo,
Présence du futur ,Denoêl
Une architecture informatique auto-généré créé des immeubles mutants.

L'oeil dans le ciel, Philippe K Dick, édition 10/18
Si Dieu nous regardait et avait un dessein précis
que nous saurions découvrir.

Les utopies post humaines René Sussan, Collection Essais,2007
Avec une plume souvent caustique,
mais toujours juste et parfaitement documentée,
Rémi Sussan propose un voyage initiatique à travers nombre d'idées,
d'expériences et d'anecdotes, des plus sérieuses aux plus loufoques,
qui ont préparé le XXIe siècle.

Articles

Holton, Gerald James
Henri Poincare, Marcel Duchamp and Innovation in Science and Art

Linda Dalrymple Henderson
The Fourth Dimension and Non-Euclidian Geometry in Modern Ar

Stéphane Trois Carrés
L'art et les sciences, une fertile malentendu.
Conférences du LIMSI, Février 2007,
Ecole Supérieure d'Art de Rueil

 

Filmographie

Liens
Site d'écrivains de science fiction, ou de centre de ressources

Site de Gérard Klein Quarante deux
Gérard Klein est un auteur de science fiction qui a inititié la promotion du genre en France.
Excellent analyste, personnalité dont la culture est immense,
il aborde tous les thèmes spéculatifs qu'il manipulent avec intelligence et rigueur.

SFPhi "science philosophie" site du Newsgroup créé par Sylvie Allouche,
Doctorante à l'Ecole Normale Supérieure de la Rue d'Ulm à Paris où l'on utilise
la science fiction comme un moyen de prolonger la réflexion philosophique.
Ce site est un outil performant pour s'ouvrir aux problématiques produites
par la science fiction et les prolonger dans une interrogation esthétique.

La spirale
Site des pensées alternatives, on y trouve toutes les tendances présentées sans dispositifs critiques.



 

INTRODUCTION au COURS

L'art en se dégageant des absolus immanents : la vérité et la beauté,
propose à partir du XIXe siècle un programme esthétique en perpétuel renouvellement.

Conçu comme l'interrogation du lien entre la conscience et le réel.,
il offre une réalité étendue et polymorphe.
L'imaginaire prend ainsi une place fondamentale dans ce corpus.

Dès le Romantisme, l'imagination est prise comme un instrument d'investigation du réel
permettant de révéler des formes invisibles à la raison positiviste.
La littérature est aussi soumise à ces transformations.
A l'apparition du roman réaliste au milieu du XIXe siècle (Balzac, Flaubert, Maupassant)
A la fin du XIXe siècle, des auteurs rationnalistes Jules Verne et JH Rosny Ainé, HG Wells développeront les questions techniques et épistémologiques dans le cadre d'une littérature spéculative.
Longtemps considérée comme un genre mineur,cette littérature se développe dès le XXe siècle car ces catégories esthétiques sont bousculées par l'abondance et la diversité des productions.

Une culture populaire apparait aux Etats Unis avec le développement dans les années 20 des "Weirds Tales" , "Astounding Stories" revues populaires dirigées par des visionnaires passionnés.
Hugo Gernsback
et Anthony Boucher sont les plus connu d'entre eux. Un genre littéraire spéculatif est né. Contraint par une production hebdomadaire et une écriture payée au mot, les auteurs privilégieront une efficacité narrative et des images aux spéculations stylistiques. Ces auteurs souvent nourris de littérature scientifiques prolongeront les questions épistémologiques dans des oeuvres imaginés et accessibles au grand public.

Le cinéma invente une autre dynamique pour les oeuvres de nature spéculative en donnant des images aux visions littéraires.
La littérature d'anticipation fournira l'immense majorité des scénarios filmographiques, dès son début jusqu'à maintenant.

Georges Méliès fut le premier cinéaste de science fiction en réalisant "Voyage dans la Lune" d'après le roman de Jules Verne.
(Si on observe la filmographie de Georges Méliès, on voit la place dominante faite aux oeuvres imaginatives et fantastiques)

Si genre du cinéma de science fiction reste minoritaire au début de l'histoire du cinéma,
c'est après la seconde guerre mondiale qu'il va se développer abondamment soutenu
par la télévision et l'apparition des séries
qui permettent un rythme de production semblable à celui des "pulps" des années 20. a

Le cinéma de science fiction est né des possibilités imaginaires offertes par les révolutions esthétiques du XIXe siècle.
Pour autant l'art moderne se développe le plus souvent en parrallèle avec les spéculations scientifiques littéraires.
Seules quelques oeuvres créeront des osmose, elles auront pourtant de grandes influences
sur les postures esthétiques des pionniers de l'art moderne.
Le cubisme est influencé par les théories de géométries non euclidiennes.
(La quatrième dimension en art)]
En particulier l'oeuvre d'Edwin Abbott "Flatland" popularisera l'idée d'univers à N Dimension à la fin du XIXe siècle.

Les artistes souvent échaperront à l'illustration des concepts
mais seront d'intelligents interprètes des possibilités offertes par les sciences.

L'art et les sciences, un fertile malentendu.

Le paradigme renaissant d'une fusion de l'artiste et du scientifique vers un même objectif
a disparu, l'esthétique devenant une discipline philosophique autonome dont les codes
ignorent les astreintes rationnelles des sciences. En effet le phénomène esthétique fonctionne
sur des intersubjectivités et sur des convictions, un langage polymorphe produit des malentendus propices à étendre les horizons. Un universalisme émotionnel est confronté à la diversités des raisons.
Il ne peut y avoir de règles et c'est souhaitable. Cette absence de règle est la condition du surgissement
des singularités. La norme est réduite à son minimum. Alors que le geste du scientifique prend sa source dans les cheminements non linéaires de la même imagination, il doit ensuite organiser un discours reconnu par la communauté scientifique.
Cette communauté garantissant la rationalité des développements. (Certains épistémologues ont montré les faiblesses logiques de ce processus,
mais il reste idéalement la norme)

Cette différence fondamentale crée une dynamique, des fascinations réciproques, des méthodes créatives sont empruntées, des univers sont reproduits, des postures philosophiques sont interprétées.
Les protocoles trop serviles réduisant la puissance imaginaire du discours artistique. Il ne suffit pas de désigner l'art pour qu'il existe. Et la convocation de la beauté n'est pas suffisante pour bâtir
un projet esthétique.

Créer des mondes

L'art créé des mondes. C'est probablement le coeur des esthétiques contemporaines.
Les géométries euclidiennes nous ont accoutumés aux mondes parrallèles, aux règles exotiques.
Des philosophes analytiques anglo-saxons se sont emparés des idées de sciences fictions afin de prolonger leurs questions sur la nature de notre monde.
En prolongeant les questions sur les évidences perceptibles, on peut interroger la nature des objets et des concepts qui les fondent. Il en est de même pour l'espace que pour la vue.
Tout comme les droites parrallèles se croisant asymptotiquement, l'art se défie des garanties rationnellles.
C'est dans ces zones floues que l'auteur de science fiction travaille.
Comme l'artiste, la vision ou la question posée provoque une modification des assises communes d'un sujet.

Que serait une sexualité nécessitant une vingtaine d'adn pour combiner l'ontogénèse ? (Un amour haploïde)
Que serait un monde avec un DIeu tutélaire, omniprésent et rationnel ?
(L'oeil dans le ciel, Philippe K Dick, 10/18)
Que serait l'Europe après la victoire des Nazis en 1945 ?
(Le maître du Haut Chateau, Philippe K Dick, Présence du Futur, Denoël)
Que serait-il arrivé à Charles Manson si il avait tué son père ?

De toutes ces questions découlent une série d'interrogations corrélées :

Que serait une civilisation sans crime ?
Que sont devenus les criminels ?
Sait-on prévenir le crime avec des techniques physiques (anticipation spatio-temporelle "Minority report" Philippe K Dick) ou des techniques sociologiques répressives (le banissement intérieur "un monde de compassion" Robert Heinlein) ?

Les acquis de la civilisation sont-ils garanties ?
(IGH, JG Ballard)

Les extraterrestres vivent sur Terre, il y a t-il un nouveau genre de racisme ?
L'humanité reproduit t-elle les modèles qu'elle a pratiqué auparavant face à l'altérité ?

Il peut y avoir aussi des questions plus elliptiques comme celles inventée par Nicolas Moulin,
(Vider Paris), avec des écrits de Norman Spinrad, l'artiste propose sur la base d'images
d'un Paris vide et muré, d'imaginer les raisons pour lesquelles la capitale est abandonnée. Depuis vingt ans les artistes portent leurs questions sur les mondes possibles
Le critique d'art Nelson Goodman rédige en 1985 l'essai "Afin de créer des mondes"
Serge Brussolo publie en 1984 trois compilations sur l'anticipation esthétique.
Décrivant des protocoles artistiques qui surviendront dans la décennie.
Les philosophes analytiques anglosaxons développent des démarches s'intéressant
aux mondes parralèlles et alternatifs afin de recadrer le débat philosophe sur des horizons plus vastes. Derek Parfit


Images et circonstances pour des mondes possibles

Comment les visions des artistes, des cinéastes et des auteurs de science fiction.
Si chacun porte la question à sa façon, le cinéaste portant le regard sur les individus,
les lieux et les circonstances, l'artiste s'attache souvent aux processus. Les dispositifs
esthétiques contemporains font converger les genres dans un ensemble indifférenci
é
qui privilégie le processus et le discours sur la forme.

Comment ces idées peuvent-elles avoir une incidence sur une posture esthétique ?

Il existe une circulation permanente entre le geste artistique et les idées, plus encore
les formes artistiques sont sous tendues par des conditions idéologiques et philosophes
qui rendent leurs apparitions nécessaires ou possibles. Il n'y a guère de sens d'endosserles postures esthétiques de la Renaissance à notre époque,
si ce n'est pour adopter une position nostalgique ou une investigation d'histoire expérimentale.
La vidéo ou l'art en réseau ne pouvant s'envisager à l'époque, ces deux pratiques offrent
de nouvelles possibilités d'interactions. Leurs existences induisent d'autres paradigmes.

Ainsi chaque époque dégage un paradigme constitué de façon complexe par le cadre
des idées et des possibilités techniques;
La science fiction est née en même temps que l'art moderne, produite par l'articulation des techno-sciences
et d'une épistémologie ouverte. L'avenir est devenu un champs spéculatif possible,
à tel point que des institutions dont le rôle est la prévision se sont créées au court du XXe siècle.
(Le club de Rome, la gnose de Princeton, Think Tank...)
Ces conditions permettent d'avoir une posture spéculative vis à vis du monde, cette attitude
exigeant une ouverture attentive a été formulée par le Groupe Fluxus au cours des années 50. héritiers de Dada et des surréalistes, ils revendiquaient l'action et le jeu sur la théorisation, l'expérience contre le formalisme. Utilisant les "méthodes" duZen, l'art pouvait devenir une question.
Jamais le lien entre l'art et les idées fut aussi étroit, quasiment consubstantielle les deux disciplines pouvaient interagir dans un écho ludique.
L'art devenant ainsi un moyen d'explorer le monde, et les idées un moyen de reformuler l'art.

La science fiction des années 50 avait abandonné les problèmatiques simplistes des années trente.

Les super héros sont remis en questions par la disparition de la suprématie de la culture occidentale.
Les décolonisations affirment l'existence d'autres et d'ailleurs (la conquête spatiale et la génétique) ;
La guerre froide menace au quotidien le confort de la société de consommation
corrodant l'assurance d'une croissance illlimitée.
A cette époque il est devenu inutile d'envisager le monde avec des limites clairement établies
La complexité aparaissait comme forme sociétale. La science fiction prenant à cette époque une forme théorique et militante.

Depuis les deux genres se sont développées parrallèlement en maintenant des liens discrets à travers
l'imagination et les visions de leurs auteurs. L'architecture et l'urbanisme mainenant dès leurs début
dans la modernité une tradition utopique furent les pionniers des champs spéculatifs et des images.
De Étienne-Louis Boullée , Frank Lloyd Wright à Archigram, ou Aerolande. les conditions architecturales du futur
ont été généreusement réfléchies et illustrées.
Permettant ainsi de créer des cadres aux différentes esthétiques élaborées dans ces courants d'idées.
Le design accompagne le mouvement très largement.

le cinéma suit cette évolution et donne à voir les lieux et les pratiques de ces utopies;
Stanley Kubrick saura fournir des images universelles dans ses deux films
L'an 2001, l'Odyssée de l'Espace et l'Orange MécaniqueLa rédéfinition des règles du jeu entre l'art, le design et le cinéma font de la spéculation littéraire un laboratoire d'idéesefficace dont les conséquences se mesure à court et moyen terme.

Il serait très instructif d'étudier les propositions littéraires faites au cours de ces trentes dernières années et de constater leur apparition dans le continuum sociétal. Désordre climatique, surveillance électronique, autodafé, contrôle psychique, télékinésie, deviennent des réalités alors que leurs modalités ont été élaborées dans
les laboratoires imaginaires de la littérature et du cinéma.

Dès les années quatre vingt les thèmes spéculatifs sont repris par les artistes contemporains,
Jean Luc Wilmouth, IFP, Art and Langages, Jeff Koons, reprennent les thématiques de la science fiction en leur donnant
des formes synthétiques dans le répertoire de l'art contemporain.

Le mouvement se développe avec des échanges symétriques entre les genres dont Mathew Barney et David Lynch
sont les exemples les plus apparents; Mais aussi des structures institutionnelles qui opèrent comme des Think Tank
(ZKM) mettant en place les conditions de ces spéculations esthétiques et techniques.

Comment la notion de genre mineur disparait ?

Traditionnellement les arts se séparaient en genres mineurs et genres majeurs.
Certaines disciplines étaient censées apporter des formes plus pures.
la littérature privilégiant le roman psychologique contre le roman policier ou de science fiction. le changement de paysage culturel a provoqué la disparition de ces catégories artificielles qui souvent donnent une une pesanteur idéologique à la discipline. C'est ainsi que l'on pouvait jouer la peinture
réactionnaire) contre l'installation (progressiste)
comme le roman classique
contre la science fiction. Ces distinctions n'ont pas de sens dès lors que l'on se préoccupe de l'élaboration des idées.
La science fiction ne comprend pas d'oeuvres construite sur un formalisme
stylistique semblable à "La Recherche du Temps Perdu" , si l'écriture est une préoccupation des auteurs,
Robert Heinlein, Robert Silverberg, Fredric Brown et Cordwainer Smith sont d'excellents stylistes, les recherches stylistiques sont souvent liées à une soucis d'efficacité narrative.
Dans l'édition de Gallimard en 1982 du Finnegans Wake, de James Joyce,
Philippe Lavergne dans sa préface compare l'oeuvre au voyage de Star Trek.

le projet de James joyce étant de surmonter les horizons contemporains de la narration et d'offrir
une description holistique du héros.
Au lisière des genre littéraires la science fiction propose une expérience esthétique constament renouvelée
à la mesure du progrès des idées et des sciences.

Comment la philosophie devient spéculatives ?

QuandFriedrich Nietzsche déclare : « Prenons un peu au sérieux le point de départ du scepticisme :
à supposer qu'il n'existe pas de monde autre, métaphysique, et que, du seul monde connu de nous,
toutes les explications empruntées à la métaphysique soient inutilisables pour nous,
de quel œil verrions-nous les hommes et les choses ? » Humain, trop humain 1878
Mettant à bas la métaphysique commune, il procède à une gedankenexperiment en proposant un
monde sans métaphysique. Il bouscule l'idée catholique d'une métaphysique universelle et l'idée
positiviste d'un monde absolu. 25 ans plus tard Duchamp bouscule les bases de l'art classique
en exposant un urinoir. Il est maintenant totalement possible de postuler sur l'éventualité d'un monde.
Plus tard un philosophe analytique Ludwig Wittegenstein s'interrogera sur ce que nous pensons, comme nous pensons,
et ce que l'on désigne comme le monde.
Pour cela il utilise les outils de la logique, et une concaténation de questions dont il fait très attention aux articulations
logiques. Il établit un horizon à la pensée en estimant qu'il existe des idées derrière l'horizon du langage.
"Ce que l'on ne peut dire , il faut le taire" il établit de fait l'impuissance des mots à décrire des idées ou des objets
qui n'auraient pas de prise dans notre univers cognitif. Par conséquent il laisse la place à l'art, aux expérimentations
poétiques, à la spéculation mathématique, esthétique et intelectuelle. Décrivant cette limite, il laisse la place aux plus curieux
des philosophes qui oseraient commettre l'ubris et regarder au-delà des horizons philosophiques.
La science fiction a sa place dans cette sépculation.

Ersnt Gombrich affirme que "la peinture est une science dont les images sont les expériences" Art et Illusion page 33
La science fiction est une philosophie dont les idées sont le matériau.



Il y aurait deux types de spéculations littéraires l'une postulante et l'autre descriptive !

Les premières oeuvres de science fiction faisaient appel à une amplification des moyens scientifiques,
cela permettant de spéculer sur le destin de l'humanité... Il y avait aussi les déplacements spatiotemporels...
Toutes ces oeuvres utilisaient des moyens descriptifs édifiants afin de provoquer l'imagination du lecteur.
A partir des années 50 les techniques littéraires se sont sophistiquées et la science-fiction a pu devenir
une socio fiction où l'argument scientifique disparait devant l'importance du phénomène sociologique,
ou la pertinence du détail motivant l'histoire...
Par exemple, si les personnages de Philippe K Dick ne voyage plus dans le temps, ils savent l'avenir sur deux minutes...
Cela peut provoquer une vie totalement différentes de voir unavenir court...

Dans un roman de science-fiction, il y a toujours une question sous
jacente. Elle peut se formuler sous la forme d’une interrogation philosophique
immergée dans des circonstances spéculatives.
L’intérêt de la science-fiction réside dans le fait de porter notre conscience
au-delà d’une réalité tenue pour commune.Elaborant des lieux imaginaires sur la base des possibles, la
science-fiction procède d’un délicat processus qui s’opère entre l’imaginaire et le réel.
Elle s’exprime comme une expérience sur les possibles et l’interpellation de
l’incomplétude manifeste du réel. Elle est aussi l’expression de l’autonomie de
la conscience vis-à-vis de la réalité. Comme tout acte intellectuel, postuler
sur des circonstances et publier une forme romanesque est foncièrement libérateur.
Donner de nouveaux horizons au risque de se perdre est une activité de
créateur Les interrogations théologiques de PK Dick l’on amené à renouveler le regard
contemporain sur Dieu et l’idée de l’intelligence. A la façon d’un philosophe analytique,
il a fourni plusieurs réponses dans ses romans. Menant une critique de la société technoscientifique
amnésique à l’ontologie, il savait qu’à un moment le problème serait posé par des biais inattendus :
Des machines pensantes s’interrogeant sur le bien ou le mal…
Si l’homme ne peut plus penser l’ontologie, une machine ne le fera t-ellemieux que lui ?
Nous sommes maintenant à quelques indices de puissances de dix pour la
quantité d’information d’une machine qui pourrait traiter autant de données que le cerveau.
Attendons-nous à voir apparaître une intelligence exotique surgit de la complexité d’un réseau
de processeur et de la complexité de son réseaux. La science fiction aime à se rappeler à nous au quotidien.
Comme un penseur de son temps il mène une critique du dispositif
technoscientifique au même moment que Jürgen Habermas et Herbert Marcuse.
L’auteur témoin de son temps a su mieux que les analystes les plus pointus
décrire la morphologie des évènements à venir, pour les plus visibles : la
politique spectacle, la multiplications des gnoses et des sectes, les réalités infrapsychiques
avec la multiplications et le développement des psychotropes. Peu de temps avant PK Dick,
Cordwainer Smith construit un monde complexe et coloré, formé sur l’écheveau
d’une chanson de geste dont chaque parties sont narrativement liées alors qu’elle sont
éloignées en terme spatio-temporel. La causalité devient un continuum poétique
dont la logique est sous-tendue par l’inévitable destin de l’homme.
Inspiré d’une foi chrétienne, il n’y a pas de surprise car tout est dit comme
dans les Evangiles. Un texte original et prodigieusement ciselé promène
le lecteur dans une parabole sur l’humanité.
L’humanité a compris que le bonheur permanent ne pouvait rendre heureux.
Des animaux modifiés, doués de conscience rappelleront à l’humanité que vivre
heureux exige de s’immerger dans l’existence et d’en assumer les risques qui en découlent.
Cette capacité de donner une réponse qualitative sous la forme romanesque ne serait-elle
pas celle d’un oracle, dont les mots sont parfois hermétiques etdoivent être décryptés
à la mesure du langage poétique et métaphorique ?
C’est la racine d’un roman mais c’est aussi une méthode de pensée adoptée
par les épistémologues et les philosophes analytiques.
Le « gedankenexperiment » énoncée par Ernst Mach physicien du début du siècle
est l’exercice intellectuel permettant de penser une expérience dont les
composantes sont inaccessibles. (Cosmologie, physique quantique etc.…)
Cela ressemble à ce que peuvent mettre en place les artistes défrichant des
zones indicibles.
Tout comme le philosophe analytique tente de changer le contexte de sa
question afin de la renouveler. L’artiste déplace la réalité ou la renouvelle.
Posture esthétique
La science fiction balaie les questions post-modernes.
L’esthétique est souvent aveugle aux développements technoscientifiques,
elle est inattentive au rôle plastique de l’outil sur la pensée.
Rétive aux faits scientifiques, elle manque des moyens de comprendre l’essence
d’un abondant etconstant renouvellement des questions sur le réel.
En effet si l’art a vécu une révolution durant le siècle dernier, il n’en a pas connu d’autre.
Alors que la science a vécu trois révolutions au siècle dernier, s’ouvrant à plusieurs paradigmes du réel.
Ils sont encore inconciliables, la révolution Einsteinienne, la révolution Quantique
et la physique de la complexité, accompagnée par le développement
des mathématiques et de la linguistique fabriquent un vaste potentiel de
possibilités imaginaires.La science-fiction a su s’accrocher sur cette réalité épistémologique pour
ouvrir avec générosité les portes des possibles. Renouvelant les regards sur les
questions contemporaines. Elaborée avec une science en constant renouvellement,
elle ne peut que poser d’autres questions.
Il n’est plus question de l’éventuelle fin de l’histoire, les idées continuent à se développer,
réitérant les problèmes fondamentaux sur de nouveaux jours. Il est faux de constater la limite
du monde puisque notre « weltanschauung est toujours en train de se modifier sur la base des possibilités technoscientifiques.
Nous ne sommes plus dans le modernisme, comme nous ne sommes paspost-moderne.
Nous vivons dans la multiplicité des mondes et des possibles.Comme l’art et la philosophie,
la science-fiction devient ainsi un moyen
efficace de penser le monde.Dans le Nouvel Observateur du 01/07/2007
un article raconte qu’aux frontières du Pakistan et de l’Afghanistan les CD audio et les K7
sont interdits.Nous vivons dans une dystopie où le Moyen-Âge côtoie l’univers de Blade
Runner.L’esthétique contemporaine commence à exploiter les thèmes de science-fiction,
certains artistes travaillant dans le champ art/science font des propositions sur la génétique,
l’intelligence artificielle. D’autres expérimentent l’aspect
et l’image du mutant Stellarc, Orlan, Nicole Tran Van Bang. Souvent les travaux
et les postures s’engagent dans un processus d’investissement d’un champ esthétiques socialement
reconnu qui se restreint à d’autres explorations.
Un artiste californien met en scène des extraterrestres dans la vie de tous les jours, Ron Mueck
spécialiste des effets spéciaux fabrique une humanité dont les variations de tailles et de proportions
déstabilisent notre perception.
Un autre artiste créé la maison de retraite de superhéros.
Reinhart Mucha simule des dispositifs technico-industriel avec du matériel de chantier et de régie.
Une artiste anglaise moule l’intérieur des maisons en béton, pour en laisser le fossile.
D’autres plus simplement travaillent avec des auteurs de science-fiction, «
vider Paris » de Nicolas Moulin et Norman Spinrad.
Des vidéastes expérimentaux jouant avec les limites de la perception offrent des univers innovants,
Granular Synthesis et Bill Viola. Le Five Angels Les critiques d’art commencent à se saisir de la sphère de science-fiction.
JG Ballard et le PK Dick sont le plus souvent cités en références dans les
travaux critiques en esthétique. Mais le plus souvent on a l’impression que le corpus littéraire mentionné
est un petit linéaire de livres lus et relus par le même public.
Il n’y a pas de vision globale de la science-fiction comme genre en soi des
spéculations contemporaines. Le regard est au présent, il oublie d’être
rétrospectif et analytique.
Il y a encore peu de temps Bernard Werber aurait été une référence.
Cela donne un peu l’impression d’être au rayonnage littérature d’anticipation du Centre Leclerc.
C’est déjà ça, mais ce n’est pas suffisant !
La science-fiction comme tout les mauvais genre recèle d’horizons inexplorés dont les beautés formelles
restent à découvrir et à partager à l’abri des oukases des spécialistes du goût et de l’opinion.
C'est-à-dire que cela donne encore des lieux où l’on peut réfléchir sans
l’interférence des discours majoritaires.
C’est bien ce dont l’art et la philosophie ont besoin.
Dépasser l’opposition appolinien/dyonisiaque
Friedrich Nietzche oppose le monde appollinien, monde des formes et de la métaphysique
à celui de Dyonisos, celui de l’être et du flux. Cette opposition ne semble plus être fondée à l’aune
des épistémologies du flou, du quantique, à la mesure des dystopies et des uchronies.
La forme est impermanente dans son aspect et non pas dans sa dynamique, dû t-elle passer
par une phase chaotique. La logique peut aussi s’exprimer sous une probabilité de certitude ou de négation,
un objet physique peut posséder deux natures différentes tant que l’on ne soumet
pas à un dispositif d’observation. Mais aussi la science-fiction nous autorise à réfléchir à une réalité multiple,
connexe, multiplexées, ramifiée, aléatoire ou probabiliste. Les outils de l’universel et de la métaphysique humaniste,
de la raison débouchent sur une multiplicité d’êtres dont les propriétés dépassent le projet de cette philosophie.
Le dispositif platonicien est rongé par le continu des courbes non dérivables.
Le fractal apparaît comme la retentissante preuve d’un univers aux horizons illimités
dans toutes ses dimensions.Ainsi la géométrie poussée à ses limites bascule du discontinu
au continu et inversement comme le héros d’une nouvelle de science fiction passe d’un univers à un autre en poussant la porte.
On sait que le reflet du miroir opère en profondeur, c’est pourquoi l’image
garde sa symétrie de haut en bas. La philosophie des formes sème le chaos.
Corrode les convictions apparentes pour offrir un univers complexe et ouvert.
En quoi cette forme peut elle être dyonisiaque ou appolinienne ? Elle ne l’est plus , ni l’une ni l’autre
Comme la possibilité de trouver un algorithme pour trouver les nombrespremiers,
l'idée que notre civilisation puisse dépasser les postulats philosophiques
qui la fonde est une idée extrêmement spéculative.
Comme si un anthropologue trouvait d'autres objets de l'esprit humain au delàdes formes habituelles de l'âme,
de la conscience, du pyschisme, du moi, du surmoi à l'usage dans notre civilisation.
Jeter le bébé et l'eau du bain trouvant ainsi une nouvelle forme à une autre question.
L’animiste et le totémisme au-delà d’une foi unique.
Le rock’n’Roll est un autre domaine passionnant où la science-fiction a généré
des osmoses dynamiques. David Bowie (ziggy stardust), Blue Oyster Cult (de
fréquentes collaborations avec Michael Morcook), Genesis (Un album stupéfiant
intitulé Genesis qui est conçu comme une nouvelle de science fiction), Devo
(Groupe mutant de Akron, Ohio qui affirme sa (dé)évolution, Gary Numan,
(esthète électronique)
Plus encore qu’en art on peut voir comment les outils vont influencer les
postures esthétiques et nous faire vivre des spéculations intellectuelles et sociétales.
Dans « l’homme qui venait d’ailleurs » de _____en 1982, David Bowie tient le rôle de Ziggy Stardust
sans son habit de scène. Un extraterrestre envoyé en mission sur Terre afin de sauver sa planète
de la sécheresse est confronté aux humains à la difficulté de se faire comprendre. Perdu dans le Cosmos,
personne ne vous entendra crier. La solitude cosmique est la même que pour Alien,
seulement l’extraterrestre est une victime, non plus un prédateur.
Parmi les autres sujets, autour du petit exercice que nous avions induit l’un et l’autre,
il serait un jour passionnant de faire un colloque composé de spécialistes, d’auteurs
et d’artistes dans lequel on procéderait à des tables rondes spéculatives.
Admettons que l’antigravité soit possible.
Définissez les propriétés techniques et économiques de la machine.
Taille, coût, gestion, financement
Une machine à antigravitation est un système industriel intégrant de nombreuses technologies :
Central d'énergie à fusion.
Supraconducteurs à haute-température
Utilisation de champs magnétiques en hyper-fréquence.
Une centrale antigravitation occupe environ 40 M 3 et coûte 15 millions d'euro.
Une centrale de 100 terawatts peut déplacer 1500 tonnes. Elle produit un champ qui opère sur une échelle
de dimensions précises par rapport à l'attraction gravitationnelle de la Terre. Ainsi une centrale de 100 giga watts opère
entre 0 et 300 mètres de hauteurs, pour accéder à des hauteur supérieures elle doit monter en puissance de façon exponentielle,
ou s'adjoindre de propriétés aérodynamiques et de motricité. Pour naviguer les modules antigravitation font appel à l'énergie solaire
ou aux surplus électriques du générateur de fusion pour actionner des hélices.
Cette faible latitude de hauteur oblige les modules antigravitation à une
navigation précises.
Les couloirs aériens sont ainsi beaucoup plus développés. Par conséquent l'antigravitation reste accessible
qu'à des entreprises et des états Attribuez lui des industries et des financements contemporains.
Le financement des modules antigravitation est effectué dans le cadre de flotte de transport.
Les financiers de ce système se sont inspirés des pratiques de l'industrie aéronautique.
Imaginez ses conséquences économiques, sociales, juridiques, urbanistiques,
L'architecture nomade
Droit de l'espace volumique
Renforcement des voies de navigations aériennes
Mise en place d'un système de contrôle aérien automatique à l'échelle
continentale.
Mise en place d'un politique de répression de la circulation aérienne.
Le nomadisme n'est pas la liberté.
modification et accélération des capacités de logistique globale.
La Green Line se voit doublée par une flotte de barges antigravitation
disparition de la rupture de charge des ports
diminution du flux des containers.
le trafic se maintien néanmoins du fait de la faiblesse du coût de
transport par la mer politiques et linguistiques.
Rédigez le premier texte de loi réglant l’usage de cette machine.
Donnez une forme visuelle au dispositif.
Rédigez le premier fait divers.
On peut faire cela avec :
La téléportation
Le voyage dans le temps
La télépathie (question drôle ! quel droit pour la télépathie ?
Un doit public quand on émet dans une administration et un droit privé
quand on est dans la rue ?)
Le principe fondamental est l’idée de spéculation intellectuelle

Spéculation mathématiques,
Finalement j'oserai dire, quimporte ce que vous pensez, mais surtout penser
autrement et montrez moi comment racine de deux est égale à l'infini !
dès que je dis cette absurdité cela m'emmène à penser que l'infini au carré est
égale à deux, cela colle le vertige, je double l'infini' je fais son produit et
j'obtiens du fini... la science fiction le permet, les mathématiques
l'autoriseraient à condition de mettre en place un long dispositif de
démonstrations...

Le rôle de la vidéo
Des films comme Primer, Waking Life permettent d'imaginer l'installation vidéo comme une écriture
propice à mettre en place d'autres réalités.

Je souhaiterai initier mes étudiants aux processus spéculatifs.
Afin qu’il découvre l’essence de cette méthode, peu importe le médium,
philosophique, littéraire ou esthétique.
C’est la forme de la question qui génère la morphologie, le texte, l’œuvre